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GATROUN (1) 1950
par Jean Soupene
Le 16 novembre 1950 j'arrive au poste de Gatroun pour relever Pierre Brun
qui est là, seul, depuis de longs mois. Mon ami Jean Chambret me rejoindra
plus tard. Gatroun, est un petit village situé légèrement au nord d'une
longue et étroite palmeraie qui s'étire dans le sens nord-sud, entre le
"djebel Banghenimo" et l'édeyen de Mourzouk. La région de Gatroun comprend
plusieurs villages, le plus méridional est Tidjeri, stratégiquement c'est
aussi le plus important car il est situé près de la bifurcation des pistes
qui mènent au Tchad et au Niger. La population est noire et est composée
de, fezzanais, au Nord et de, Toubous, au sud; Les fezzanais sont placés
sous l'autorité du moudir, Madhi, tandis que les Toubous dépendent du
Moudir Yeskoï. A la tête de chaque village se trouve un cheikh.
L'économie de la région est fondée sur le commerce des dattes; la palmeraie
de Gatroun est immense, c'est certainement une des plus importantes du
Sahara.
Ce sont des esclaves qui assurent l'entretien des palmiers et des nombreux
jardins.
Malgré tous les efforts de la France, en 1950, il y a encore des esclaves
au Fezzan. Certes c'est un esclavage bon enfant, les maîtres sont aussi
misérables que leurs esclaves, ceux-ci proclament volontiers qu'ils sont
"abids" ou "chouchans" et participent tous les ans à la grande fête des
esclaves " le Samboni ". Ci-dessu le fort de Gatroun, nous sommes loin des
impressionnantes murailles de Sebha ou du luxe de Mourzouk, le fort est
construit en terre battue et à l'intérieur toutes nos installations
relèvent du système "D".
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Un des deux canons de 77 Italiens qui furent ramenés du "campo" (c'était le camp retranché Italien installé entre le djebel et la palmeraie et qui était destiné à arrêter les " digaullisti") (Français libres)
A l'arrière-plan début de l'Edeyen, il faut marcher longtemps pour apercevoir les premières dunes.
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Arrivée d'une caravane Touboue, de gauche à droite Toubous, Jean Chambret, Belgher, Moudir Mahdi, policier Habib. Les toubous venaient, nombreux, se ravitailler en dattes dans la région, en échange ils amenaient quelques chèvres.
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Votre serviteur, avec ses petits amis de Gatroun il faut remarquer que ces enfants ne sont nullement effrayés par les affreux "colonialistes" qualificatif, dont on affuble, volontiers. aujourd'hui, les militaires français de l'époque.
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Votre serviteur et Mohamed Kepchi "gaîla" ou halte dans le djebel Banghenimo. J'aimais bien les randonnées dans cette région car les paysages sont fabuleux. Les voleurs de chameaux qui sévissaient dans la région de Tedjeri s'évanouissaient toujours dans cette direction mais comme nous prenions les traces avec plusieurs jours de retard nous ne pouvions jamais en rattraper aucun. Mon seul regret est de n'avoir jamais poussé jusqu'au Namous; Il m'est arrivé, un jour, de me trouver à proximité, mais mon "première classe", prétendant que l'eau était difficile à trouver, je renonçais. J'ignorais absolument que le Namous était un un volcan.
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Fatnah Mouya en grande conversation avec Bob; Fatnah était chargée de ravitailler le fort en eau; tous les matins elle faisait de nombreux voyages entre le fort et le puits.
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Pierre Brun dit "Bob" sur le cheval du Moudir, c'était à l'époque un des rares chevaux existant au Fezzan.
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Dernière mise à jour le 14/05/2001 à 14:52
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